C’est un coup de cœur pour Le chant de la rivière qui m’a bouleversé. La plume de l’autrice est d’une poésie folle et nous transporte sur deux narrations pour parler d’amour comme acte de résistance. Double récit où la nature elle-même devient protagoniste, Le chant de la rivière nous inonde de beauté et de sentiments pour une croisière qui m’aura fait chaviré le cœur.
J'ai adoré ma lecture de La migration annuelle des nuages de Premee Mohamed qui nous offre un univers post-apocalyptique parfaitement nuancé. Il y a de la beauté et de la rage dans ce récit qui aborde brillamment la question du libre-arbitre et propose, en filigranes, des réflexions fortes sur notre mode de vie.
TysT est un coup de coeur. Un livre qui m’aura demandé un effort pour me laisser emporter sans me poser des questions mais qui m’aura récompensé par une expérience poétique et onirique d’une rare intensité. Beau, unique, envoûtant et intense, TysT est une pépite qui laisse en touche finale l’envie de partir en quête avec des compagnes pour espérer agir sur le monde…
Des mammouths à la porte est un récit très beau qui parle d’un retour chez soi mais aussi et surtout de deuils. Évoquant tant l’intensité et l’intimité du chagrin, l’impact des changements que l’importance du souvenir, ce court récit constitue un doux condensé d’émotions et de sagesse qui nous en apprennent plus sur les Collines-Chantantes et les gens qui y vivent. J’ai adoré ce récit un peu à part dans la série et pourtant tout aussi envoûtant que ces prédécesseurs.
Requiem pour les fantômes est mon premier coup de coeur de l’année. Son histoire m’aura énormément touchée et son ambiance ainsi que ses personnages m’auront accroché à tel point que je ne voulais pas arrêter sa lecture. La dénonciation forte de la guerre, les deux fils narratifs envoûtants et l’amour qui jaillit dans l’horreur auront complètement ravie mon cœur. Une grande réussite par une autrice qui, décidément, ne me déçoit jamais.
Enfin, dans une troisième partie, Salomé Saqué revient sur l’engagement des jeunes aujourd’hui. Elle évoque bien sûr tout le pan politique, montrant là encore entre faits et témoignages, où les jeunes votent et pourquoi est-ce en rupture avec ce qui existe. Mais elle parle aussi assez justement de leur abstentionnisme dont elle donne diverses raisons pertinentes dont la défiance vis-à-vis d’un État avec qui ils ne partagent plus de valeur. Elle évoque tant la répression policière qui crée une défiance que l’envie d’agir, de faire des actions concrètes pour garder espoir. Elle nous parle brillamment des formes d’engagement d’une jeunesse qui n’est décidément ni égoïste ni fainéante mais qui utilise d’autres moyens de résistance que leurs aînés. Elle parle enfin de leur rapport au travail, de cette recherche de sens constante y compris dans le job exercé et de leur besoin de faire quelque chose d’utile pour leur avenir. C’est une partie qui redonne espoir, qui donne aussi des pistes d’action et invite toutes les générations à lutter ensemble. Dans tout l’ouvrage c’est d’ailleurs quelque chose de marquant : la volonté d’y croire. Salomé Saqué parle ici de sujets difficiles, d’angoisse, de désespoir. Et pourtant, toujours en toile de fond, il y a un souffle d’espoir, une invitation à agir, à se soutenir et faire front commun. C’est aussi instructif que vivifiant. Elle a cette lucidité de ne pas nous dire que ce sera simple parce que les faits sont là. Elle n’est ni idéaliste ni naïve mais nous fait parfaitement réaliser le caractère absurde des critiques faites aux jeunes et de l’inutilité de cette guerre des générations alimentée par des médias de plus en plus gangrenée par l’extrême-droite. Et si on peut regretter que certains aspects/sujets autour de la jeunesse ne sont pas abordés dans cet essai (l’autrice le regrette d’ailleurs elle-même), on est ici face un travail formidable, sourcé et nécessaire sur une jeunesse bien trop souvent raillée et incomprise.
En bref, j’ai un coup de cœur pour Sois jeune et tais-toi. C’est un essai important, tant pour les jeunes qui trouveront ici de multiples échos à leur ressenti et leur vécu que pour les générations plus âgées qui comprendront mieux ce que vit la jeunesse et, j’ose l’espérer, auront envie d’agir avec elleux. C’est clair, sourcé et touchant par les témoignages relayées et c’est une de ces lectures qui insufflent de l’espoir malgré tout. Lire Salomé Saqué ça donne envie de changer les choses.
Dans cette novella, Chloé Chevalier propose un univers futuriste où l’humanité est essaimé sur d’autres planètes par un système, la Ruche, qu’on découvre seulement entre les lignes. Nous suivons une pilote de Reine, vaisseau qui semblent doter d’une certaine conscience, ou tout au moins se nourrir d’émotions humaines et qui essaime des mondes capables d’accueillir la vie. Pilote de Reine est une vie solitaire hors du temps, au coeur du Vide spatial, ponctué des quelques messages laissés par les autres pilotes et d’escales pour se reconnecter à son humanité et nourrir ainsi sa Reine. L’autrice propose un récit de space opera où toutes les notions de hard-science sont remplacées par des formules poétiques, telles que le Temps-voyage pour illustrer la relativité. La plume de l’autrice, lyrique, donne une dimension envoûtante à ce récit. Il se dégage aussi de cette histoire une mélancolie certaine, où l’utopie se teinte d’une nuance amère ne serait-ce que dans les brides retrouvées dans l’espace. Tenyka et ses semblables vivent dans une telle solitude que le Vide a aspiré un peu de leur humanité et on ressent autant leurs doutes, leur désespoir parfois, que leurs brides de rêves auxquels ielles semblent s’accrocher malgré tout. L’ambiance est en tout cas parfaitement réussie, belle et triste à la fois, et m’a conquise sans faillir.
L’histoire de cette novella est un peu double, outre l’univers et l’émotion qui se tissent en fond, c’est aussi le récit d’une découverte d’un système vivant selon un mode particulier appelé la Rotation que nous découvrons dans l’histoire (ou trop tôt avec le résumé ou la citation en préambule de l’ouvrage) sous le regard extérieur de Tanyka. L’idée de Chloé Chevalier est de proposer ici un mode de vie respectueux de l’environnement mais très éloigné de nombreuses de nos conceptions, notamment sur la propriété ou les relations humaines. C’est une idée qui semble d’une logique folle mais qui est pourtant tout à fait ingénieuse. Et si le format ne nous fait pas entrer dans le détail, il y a cependant matière à réflexion dans ce court récit. L’écologie est centrale dans Les Essaims que ce soit dans le principe même des Reines et de la Ruche que dans l’histoire. On comprend par exemple que tout est né de l’humanité qui aurait quitté la Terre pour lui laisser le temps de renaître de ses erreurs. C’est un sujet qui apparaît également au fur et à mesure des notes laissées par les pilotes, entre désillusions d’une humanité qui répète sa destruction et éclosions d’idées lumineuses pour faire perdurer l’environnement. Le récit propose ainsi un curieux équilibre entre touches d’espoir et de désespoir, illustrant notre capacité du pire comme du meilleur. C’est à la fois doux et triste. Et indéniablement marquant.
En bref, Les Essaims est une envoûtante novella qui nous propulse dans un univers original où l’utopie écologique dessine aussi en creux une certaine mélancolie que seule la contemplation du Vide peut susciter. Chloé Chevalier mêle habilement une écriture poétique et un double récit, celui d’un mode de perpétuation de l’humanité et de la nature tout autant que la découverte d’un mode de vie et la rencontre d’une forme d’humanité. Magnifique.
Il y a quelque chose de miraculeux dans cette trilogie, dans tous les sens du terme. Alors que j’avais de grandes peines à lire quand j’ai reçu le premier tome, j’avais été surprise de ne plus pouvoir lâcher ce joli pavé. Et rebelote pour le second tome. Si je l’ai laissé traîné un peu en PAL, pas par manque d’envie mais pas peur de son volume, dès les premières pages lues, j’avais envie de le dévorer d’une traite. Robert Jackson Bennett me réconcilie ici avec un genre que je lis de moins en moins, lassée par des séries qui reprennent souvent le même schéma. Avec Les cités divines, l’originalité est au rendez-vous, ne serait-ce que dans la composante magique de l’univers, mêlant croyance, miracle et technologie. Mais c’est surtout la formidable construction des intrigues de chaque tome qui me captive et me passionne. Ce tome 2 nous propose encore une fois une histoire teintée de complots et de mystères qu’on a énormément de plaisir à lire, rythmée astucieusement de scènes épiques, de moments de tension et d’émotions. On rit, on tremble, on est ému, on visualise aisément les moments les plus spectaculaires, … Bref on passe un excellent moment ! La série, et ce second tome, sont d’une efficacité redoutable et nul doute que la trilogie convaincra non seulement les amateurs de fantasy que ceux qui sont plus science-fiction vu le système « magique-technologique» mais aussi celles et ceux qui lisent peu d’imaginaire. Car l’auteur parvient à nous offrir non seulement un univers solide mais à y verser également de nombreuses réflexions qui parleront à tout le monde. Il explore notamment les questions de croyances, de passé coloniale/esclavagiste mais aussi les jeux politiques qui, en toile de fond, impactent la vie humaine. Dans ce second volume centré sur la générale Mulagesh et le territoire de l’ancienne déesse des morts et des combats, l’histoire propose de nombreuses réflexions sur ce signifient la paix et la guerre, mais aussi sur le rôle de soldat et l’importance d’une vie humaine ainsi que la difficulté d’une rédemption. Entre fantômes du passé, poids des responsabilités et deuils, La Cité des lames propose des émotions intenses dans cette intrigue où la quête de gloire est souvent synonyme de massacre et le pardon, une quête bien difficile, surtout envers soi-même. J’ai été, encore une fois, épatée par la qualité de l’écriture des personnages, de leur psyché comme de leur évolution. Et l’idée de concentrer chaque tome sur un personnage différent nous permet d’explorer pleinement leur histoire, leur manière d’être et leur possible avenir tout en éclairant un autre pan de l’univers de la série. J’ai adoré mieux découvrir ici la formidable et touchante générale Mulagesh et j’ai achevé cette excellente lecture avec une envie terrible de pouvoir lire le troisième tome de ce qui constitue pour moi aujourd’hui une des meilleures trilogie de fantasy que j’ai eu la chance de découvrir. En bref, c’est un grand coup de cœur pour La Cité des lames. Tout comme pour le premier tome, cette suite démontre toute l’excellence de Robert Jackson Bennett dans la construction d’univers, dans l’originalité qu’il y verse comme dans l’écriture des personnages et des intrigues. J’ai été happée par cette histoire à la fois haletante et passionnante qui propose des magnifiques réflexions sur la question de la rédemption et de la guerre. Il m’était impossible de lâcher ce second tome et je n’ai maintenant qu’une envie : lire la suite et fin de cette trilogie addictive qui m’a réconcilié avec la fantasy.
Beaucoup de choses m’ont conquises dans cette histoire, de la réflexion sur la monstruosité à l’absurdité de la vengeance en passant par cette nature qui se rebelle contre l’humanité qui cherche à la piller. La Harpiste des terres rouges est un roman haletant, intense et très sanglant qui renoue avec les récits de dark fantasy sans concession de l’autrice. Il secoue et il marque.
J’ai été conquise par Les sorcières de l’île, tant sur son esthétique graphique que sur son histoire. Entre magie, sororité et émancipation, l’intrigue nous emporte dans son décor magnifique et son ambiance envoûtante et poétique qui nous évoque des œuvres des studios Ghibli. Une superbe entrée dans le monde du roman graphique pour Floriane Soulas et une confirmation du grand talent de l’illustratrice Caly.