A review by babybirdspoetry
À vivre avec by Alice Posière, Alice Posière

2.0

Je reste grave sur ma faim avec ce roman.

Déjà je trouvais le style assez changeant, des fois simples (j'adorais) et des fois super lyriques avec des métaphores filées (je trouvais que ça faisait trop). J'ai beaucoup aimé le choix du narrateur pour raconter l'histoire de Victoire, j'aimais beaucoup quand on le voyait parler à la première personne du singulier. Mais, sinon beaucoup, beaucoup d'énumérations, toujours dans des métaphores pour exprimer la souffrance, j'ai trouvé ça assez lourd. On rame et rame dans la souffrance de Victoire, Oscar et Isaac, sans jamais en saisir la profondeur.

C'est en grande partie ce qui m'a déçue. On sait ce qui leur est arrivé à tous et toutes sans jamais vraiment savoir *comment* ça les a atteint. J'ai eu la sensation que leurs souffrances sonnaient toutes très creuses pendant le roman. Comme si la raison pour laquelle ils et elle souffraient n'avait pas tant d'importance que ça. C'était + un prétexte à leur souffrance et on touchait pas du tout à leurs problèmes spécifiques alors que ça aurait été vraiment cool pour pouvoir s'identifier à eux.

Y a aussi plein de trucs restés en suspens et en général ça me dérange pas (au contraire j'adore quand il reste du mystère après la fin d'un livre comme dans Voyage au centre de la terre par exemple), mais là ce n'était pas justifié du tout et je n'ai pas compris l'intérêt ???? Par exemple pourquoi Isaac faisait une fixette sur Mme Cardin, à un moment si je me souviens bien il est question d'attirance mais pourquoi ?? Surtout que ça intervient dès le début son intérêt pour Mme Cardin donc je sais pas je m'attendais à un dénouement de cette histoire, et je n'ai vraiment pas compris ce que ça voulait dire.

Bref, en gros, j'ai trouvé le récit pas du tout assez creusé. Je déplore aussi à quel point Marcus a été mis en retrait alors que ça avait l'air d'être un personnage en or. J'aurais bien aimé voir le sujet d'avoir des amis qui souffrent quand nous ça va être traité. Je pense que ce roman avait plein de potentiel, mais il n'allait pas assez loin pour moi.

Dans un autre registre, j'ai pas trop aimé que la relation entre Oscar et Victoire semble se tourner vers de l'amour romantique. J'étais vraiment contente de les voir comme un groupe d'amis et, je sais pas mais je préfèrais vraiment cette dynamique, j'aurais trouvé ça cool qu'iels restent ami.e.s.

Un truc qui m'a beaucoup dérangée aussi, c'est que j'ai eu l'impression que Zacharie qui ramène Victoire chez lui c'était vraiment juste pour faire en sorte que Oscar et Isaac se rapprochent et soit, mais quand Isaac a demandé à Zacharie pourquoi il avait pas appelé la police, il a répondu en substance "tant mieux si vous la police vous croit parce que vous êtes blancs", donc bref le raccourci est peut-être un peu douteux mais moi je l'ai un peu ressenti comme "Zacharie est racisé pour les besoins du scénario" genre pour justifier qu'il l'ait ramené chez lui plutôt que d'appeler la police (besoin du scénario pour rapprocher Oscar et Isaac), il est racisé, je sais pas j'ai trouvé ça bizarre. Ensuite ça a été juste l'affaire d'une ligne ou deux, mais il y a un passage où Victoire retrouve Marcus, Isaac et Oscar et on décrit autour d'elle un peu les gens et dans une des descriptions des gens qui sont autour d'elle que vois-je ???? Une bande autour d'un rouquin qui tache son t-shirt avec du café mais wtf ??? C'est peut-être moi qui sur interprète mais, je trouvais que ça sonnait grave scène de harcèlement et juste pourquoi ???? Ça le banalise de poser ça là comme ça + ça n'avait aucun intérêt.

Et ça peut paraître étonnant après tout ce que j'ai dit mais mis à part tout ça, la lecture était agréable, ça se lisait vraiment bien, c'était fluide donc voilà. Mais sachez que pour moi qui ai déjà vécu la dépression + qui y suis sujette de base (merci les gènes du côté de mon daron), ça m'a archi pas touchée et pas le moins du monde réconfortée. Je sais pas, tout ce qui est "ne pas trouver sa place dans ce monde", c'est pas ma guerre, c'est pas ça que je ressens en tout cas, mais tant mieux si des gens ont pu s'y retrouver.