A review by alexandre_rl
Meurtre dans un jardin indien by Vikas Swarup

3.0

Mon premier contact avec Vikas Swarup s’est fait par le biais de « Slumdog Millionaire », l’adaptation maintes fois primée de son roman « Q&A ». J’avais trouvé le film amusant, mais les ficelles un peu évidentes. Comparé à « Meurtre dans un jardin indien », le film de Danny Boyle passe pour un rigoureux documentaire. Les péripéties y sont si nombreuses, les situations si invraisemblables qu’on nage en plein Bollywood. Seul bémol, je ne suis pas tout à fait certain que l’effet soit volontaire.

Un assassinat, six suspects. Pour résoudre l’énigme, Swarup présente en alternance les mobiles de chacun des personnages. On suit donc un suspect pour une soixantaine de pages, puis le suivant, puis un autre. Tous ont une bonne raison d’avoir assassiné Vivek Rai et tous se trouvaient sur les lieux du meurtre avec une arme en poche. Point positif, Swarup réussit plutôt bien à nous donner l’impression que tous ces personnages existent dans un même univers malgré le fait qu’ils ne se croisent à peu près jamais. La plume est comique, les scènes sont décrites avec efficacité et certains personnages sont attachants et bien campés. La politique de l’Inde est analysée et dénoncée avec un certain mordant. D’ailleurs, le meurtre présenté au début du roman s’inspire d’un cas célèbre en Inde.

Malheureusement, la qualité des personnages est très inégale. L’histoire de Munna est prenante et à peu près plausible. Même constat pour celle de l’aborigène Ekiti. En revanche, l’Américain Larry Page est un cliché sur deux pattes, d’une stupidité ahurissante et difficilement concevable. Ses chapitres sont pénibles de crétinisme. Les péripéties sont à tel point tirées par les cheveux que l’on nage en pleine bande dessinée. L’épisode de l’actrice Shabnam Saxena n’est pas beaucoup plus crédible. C’est cette danse constante et mal maîtrisée entre le réaliste et l’invraisemblable qui empêche le roman de se démarquer. Ce n’est pas un mauvais livre, mais c’est sans aucun doute le produit d’un éditeur pressé de faire de l’argent sur le seul nom de Vikas Swarup et qui n’a pas dû travailler sur le manuscrit très longtemps…